juin-2015
TIÉBÉLÉ MAGIQUE
Depuis que je sais que je partirais en mission au Burkina Faso, je me suis promise de prendre le temps de visiter le village de Tiébélé. Situé au sud de la capitale de Ouagadougou, presque à la frontière du Ghana, ce petit village constitue un témoignage exceptionnel des traditions Kasséna, une tribu apparenté à l’ethnie Gourouni. À travers la visite de la cour royale j’ai eu la chance de découvrir l’architecture et les décorations des habitations, l’organisation sociale de la chefferie, ainsi que les croyances et religion de ce peuple. Passionnant et j’aurais aimer apporter un enregistreur pour pouvoir écouter toutes les informations données par notre guide. Il est fortement recommandé de prendre un guide de l’Association des guides de Tiébélé qui vous expliquera la signification de chaque dessin, forme, objet, tradition.
LES POINTS MARQUANTS DE MA VISITE
La concession ce sont plusieurs habitations entourées d’un mur d’enceinte dans lesquels vivent les personnes d’une même famille. Une seule porte étroite ouvre vers l’extérieur.
Les cases sont identifiables par 3 types de formes distinctes :
- les cases en 8 « dinian »qui sont habitées par les vieux couples, les vieilles femmes et les enfants en bas âge
- les maisons rectangulaires « mangolo » pour le couple, la femme vient vivre dans la famille de son mari
- les cases rondes au toit de paille pour les hommes célibataires
Ceci implique qu’une concession change régulièrement avec le temps, certaines cases sont construites tandis que d’autres peuvent être abandonnées.
Les hommes construisent les maisons tandis que ce sont les femmes qui sont chargées de faire les dessins. Deux techniques sont utilisées mais aujourd’hui les femmes préfèrent la méthode moderne, une teinture avec une base de béton qui dure 10 ans. La méthode traditionnelle doit être refaite tous les ans.
Les femmes crépissent et décorent les murs de motifs géométriques durant les mois de mars à mai. En utilisant des plumes de pintade comme pinceau elles représentent des symboles qui devront porter chance au lieu, préserver les récoltes et maintenir les ancêtres dans les mémoires.
Trois couleurs dominent:
– le noir, obtenu en écrasant une pierre noire dans l’eau ou du goudron.
– le blanc symbole de pureté et de beauté qui vient du kaolin sorte de pierre calcaire.
– le rouge latérite synonyme de puissance.
Les décors des maisons ne sont pas faits au hasard et ont tous une signification. Par exemple, de gauche à droite : Aile de chauve souris – Aile de l’épervier en vol (ce que nous nommons des « chevrons » chez nous).
Le village tente de devenir Patrimoine de l’Unesco, la pression vient principalement des femmes qui trouvent que l’entretien des peintures est un gros travail tandis que le tourisme n’est pas au rendez-vous. Ce serait vraiment triste de voir disparaitre ce village, la visite a durée environ 2h et ce fut l’extase à chaque bout de ruelle.
Le jeu de Gali : Il faut démontrer sa puissance surnaturelle pour pouvoir y jouer.Cela ressemble au hockey ? Détrompez-vous, il faut taper son adversaire avec le bâton et après vous pouvez compter un but ! Ils ont abandonné ce jeu, trop d’ancêtres sont morts !!
En sortant du village, prenez le temps d’acheter quelques souvenirs locaux, n’hésitez pas à financer le nouveau ballon de football des jeunes ou encore investissez dans le nouveau manuel pour apprendre le dialecte local !!
Par pitié, ne négociez pas ! Jouez un peu, pour le plaisir, mais au final donnez lui le montant initial annoncé. Cela me crève le coeur de voir les touristes négocier. Je vous dévoilerais bientôt les salaires des uns et des autres mais je peux vous dire que le 200 CFA que vous avez négocié pour vous amuser ferait une grosse différence dans son budget.